Rêver au froid

Février 2009.

Au cœur de l’été, quand il n’est plus possible de trouver la fraîcheur, quand le corps est prisonnier d’une gangue pâteuse d’air épaissi par le soleil dont les rayons ne se diluent plus… à défaut de pouvoir migrer vers l’hémisphère sud, il reste une échappatoire : jouer avec notre imagination pour mettre en retrait les sensations réelles et faire advenir d’autres sensations. Les psychologues, hypnothérapeutes (et psychomotriciens qui interviennent dans les prises en charge de la douleur par exemple) savent qu’il existe une porte d’entrée vers l’écran mental où se peignent, de seconde en seconde, nos perceptions… et qu’il est possible d’affadir certaines couleurs, d’en superposer d’autres, créées par suggestion ou recréées par la mémoire. Certains sont peu sensibles, d’autres peuvent s’évader vers leur propre monde, hors du spectre du visible, en un clin d’œil… je vous emmène avec moi rêver au froid.

En musique, je peux toujours compter sur les islandais de Sigur Rós. Beaucoup de leurs titres ont cet effet rafraîchissant, mais Sæglópur est l’un des meilleurs !

La canadienne Loreena McKennit propose aussi un morceau étonnement frais pour cette interprétation d’une danse du feu de la fête de Beltaine, temps important du folklore celte :

À Lisa Gerrard, accompagnée de Pieter Bourke, maintenant de suggérer une forêt baignée par le vent, avec Tempest


En image, le photographe Vincent Munier revient régulièrement de ses expéditions au delà du cercle polaire avec des trésors plein ses cartes mémoire.

Photo de Vincent Munier. Couverture d’Arctique, un ouvrage regroupant une partie de son travail.


Double dose de frissons, avec l’alliance des descriptions glacées et de l’histoire glaçante du roman Boréal de Sonja Delzongle, un efficace thriller dont l’action prend place sur une base scientifique accrochée au permafrost du Groenland.

Et si rien de tout cela n’y fait… il vous reste peut-être à fuir vers une glacière naturelle, où le sol conserve à même la roche neige et glace de l’hiver. Je me suis approchée de l’une d’entre elle cet été lors d’une randonnée dans la forêt vosgienne, au défilé de Straiture. J’ignore si elle est encore très active, mais aux abords de certains amas de pierres formant des cavités, fruits d’anciens éboulis de l’ère glaciaire, l’air est parfois si frais que j’ai presque regretté de ne pas avoir emporté de quoi me couvrir. Les variations de températures très locales, parfois sur une cinquantaine de mètres de distance, sont saisissantes et donnent au mystère de ce site une dimension supplémentaire.

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