Pratique photographique et psychomotricité

Dans mon élément

Avec la miniaturisation et la simplification des outils de prise de vue, et surtout l’intégration des technologies photographiques numériques à nos smartphones, avec l’explosion du recours à l’image dans nos moyens de communication connectés, prendre une photo est devenu un geste absolument banal. Mais pour moi, photographier avec un smartphone est étrange et terriblement frustrant, et traiter des photos issues de mon i-Phone me donne l’impression de saupoudrer des vermicelles de chocolat sur de la purée de navet.

LA PHOTO ET MOI

Pourquoi ? Parce que ce n’est pas ma pratique de la photo, celle que je me suis appropriée et qui prend sens pour moi. Elle évolue depuis une grosse quinzaine d’années maintenant. J’ai une analyse là-dessus : peut-être que les multiples lentilles, miroirs, prismes et écran qu’on trouve dans un appareil photo ont servi de médiateurs entre moi et ma personne, et moi et ce qui composait ma vie, à une époque où je n’avais envie d’habiter ni l’un ni l’autre. Et puis, un art qui nécessite des connaissances techniques et scientifiques, quand on veut approfondir certains de ces aspects et, vous allez le voir, une certaine maîtrise psychomotrice…. ça me va bien. L’année où j’ai passé le concours d’entrée en Institut de Formation en Psychomotricité, je candidatais aussi pour un BTS Photo.

En devenant psychomotricienne, j’étais loin de m’imaginer que je trouverais autant de liens entre la pratique photographique et la psychomotricité !

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Miroir


2010

Sur Instagram existe une belle initiative portée par des psychomotriciennes : l’instant psychomot. L’une de ses déclinaisons propose de publier une photo, un texte, une vidéo… sur un thème donné, à l’affiche pendant une semaine.
J’ai été inspirée par le dernier d’entre eux, voici ma contribution.
Si vous êtes sur Instagram, n’hésitez pas à consulter le compte @instantpsychomotofficiel et les hashtags dédiés !

Miroir.
Discret dans les salles de psychomotricité que j’ai fréquentées, parcimonieusement utilisé dans mes séances. Parce que.

Sa propriété, la réflexion spéculaire, se contente de retourner la réalité lumineuse de la matière de notre corps vers notre œil. Mais face à notre reflet, les prismes réfractants du regard que nous portons sur nous même, façonnés par les avatars de notre schéma corporel et notre image du corps, nous permettent rarement d’accéder à la fidélité neutre de la surface de verre. Qui s’arrête à cette simple perception : « ce sont les formes, les volumes, les couleurs de mon corps et de ses mouvements tels que reçus par l’angle et l’amplitude embrassés par mon champ visuel » ?

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Comment je ne suis pas devenue Messmer (partie 5) : psychomotricité et hypnose

5.  En rééducation, qu’est-ce que l’hypnose peut apporter ? Et le rapport avec la psychomotricité, alors ? Tu t’en sers dans tes séances ?

Vous en avez marre de la théorie ? Moi aussi : passons à la pratique, à travers quelques courtes vignettes cliniques pour illustrer mon usage des techniques hypnotiques au cours de séances de psychomotricité, ou dans un accompagnement plus quotidien.

→ Pour favoriser la régulation émotionnelle 

À l’UCC, Mme Sensible a une maladie d’Alzheimer avancée, un syndrome anxio-dépressif et des troubles moteurs , toniques et praxiques (= gestuels) majorés au bras droit qui la rendent maladroite, et dépendante pour un grand nombre de tâches. Elle a une image d’elle très négative et vit mal le regard et les remarques des autres patients, qui bien souvent sont désinhibés dans leurs propos et ne savent plus mettre les formes. Elle en souffre beaucoup, peut ainsi se mettre en colère, pleurer et s’isoler subitement, au point de stopper une conversation, une activité et de perdre ses moyens. Le retour au calme est parfois long. À un moment de crise, où je la sens très tendue, je lui propose un temps juste pour elle dans sa chambre. Elle accepte de s’allonger, que je masse ses jambes et que je mobilise lentement ses membres. Les yeux fermés, une détente légère s’installe, elle semble un peu moins envahie par ses émotions et plus disponible à la relation, mais grimace et sursaute encore. Je la sens toujours inconfortable et ne veux pas la mettre en difficulté en lui faisant ressentir plus de tension musculaire que de détente, surtout dans mes mobilisations de son bras droit. Le massage a déjà introduit une première modification de son état de conscience, je poursuis l’induction en guidant son attention de ses sensations tactiles et proprioceptives vers son audition pour faire le lien avec ma voix, et enchaîne avec ce que l’on appelle une « safe place » (= lieu de sécurité), qui consiste à proposer d’imaginer selon toutes les modalités sensorielles un endroit, réel ou ou non, où l’on se sent apaisé, protégé. Sa détente s’accroît, j’ai l’impression que l’orage est passé. Je mets fin à la séance en douceur, et elle peut regagner l’espace commun quelques minutes plus tard, bien plus apaisée.

→ Pour optimiser une séance de rééducation de l’équilibre et de la marche

À l’UCC, M. Sérieux a une maladie à corps de Lewy (= maladie neurodégénérative alliant troubles cognitifs et troubles moteurs de type parkinsoniens) et a beaucoup de difficultés à se déplacer. Il chute régulièrement, il « freeze » (= se bloque brusquement quand il marche, les pieds aimantés au sol), « festine » (= marche à tout petits pas pressés et projette son buste vers l’avant, comme s’il tentait de courir après son centre de gravité) et appréhende beaucoup de se lever et de marcher. Même si sa mémoire et son interprétation de certaines situations lui font souvent défaut, il conserve de bonnes capacités de compréhension verbale et d’attention. Au cours d’une séance de rééducation de la marche avec puis sans déambulateur, je lui fais observer la qualité de celle-ci selon qu’il se concentre sur la hauteur et la longueur de ses pas, l’ajustement de l’axe de l’axe de son corps, la direction de son regard, l’orientation de son intention (= ne se concentrer que sur l’atteinte du fauteuil au bout du couloir ? Avancer de quelques mètres sans se soucier de relier un point A à un point B ?). J’utilise des éléments de rhétorique hypnotique, des suggestions de stabilité dynamique du corps, d’élan, de résolution et de détermination, un débit et une musicalité de parole que j’adapte à l’essai en cours pour soutenir son travail perceptif, moteur et attentionnel. Il peut ainsi déterminer que son équilibre est plus sûr et confortable et qu’il marche sans conteste bien mieux lorsqu’il se focalise sur l’objectif à atteindre et s’il ne cherche pas à lutter contre les freezing en tentant de s’en libérer activement mais plutôt en réancrant ses pieds au sol quelques secondes avant de décider de repartir.

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Comment je ne suis pas devenue Messmer (partie 4) : l’hypnose et nos aînés

Papi à l’atelier – 2009

4. « Comment fait-on avec des personnes sourdes, fatiguées, avec des troubles cognitifs ou une imagination difficilement mobilisable ? »

Ça, c’était ma question, en début de formation. Que j’ai soulignée en rouge sur ma fiche de notes lorsque j’ai appris dans les premières heures de théorie que les personnes âgées avaient tendance à être moins suggestibles que les personnes plus jeunes, comme nous l’avons vu dans la partie 3.

L’hypnose, c’est beaucoup de parole. Et la parole, quand on est sourd, avec une attention et une compréhension verbale ralenties par l’âge, voire altérées, voire absolument plus fonctionnelles à cause de troubles de la mémoire ou du langage, quand c’est quelqu’un qui porte un masque sur le visage qui vous parle…

« -… bien… maintenant que vous avez fixé ce point devant vous et que vous avez laissé vos paupières se fermer, peut-être pouvez-vous entendre les sons qui nous entourent… les sons au delà de la chambre, peut-être les pas dans le couloir ou le bruit du chariot, ou celui du vent dans les feuilles de l’arbre sous vos fenêtres…
– *rouvre les yeux* Quoi ? Qu’est-ce que vous dites ?!
– *j’augmente le volume de ma voix*… peut-être pouvez-vous laisser quelques sons vous parvenir, les bruits du couloir ou de la chambre à côté, ceux de l’extérieur, ou peut-être est-ce très calme et silencieux en ce début d’après-midi…
– *me regarde intensément* PARDON ?!
– *je donne tout ce que j’ai* … ET PEUT-ÊTRE ENTENDEZ VOUS QUELQUES SONS EN PROVENANCE DE L’EXTERIEUR DE LA CHAMBRE, DU COULOIR, DES PAS, OU PEUT-ÊTRE N’Y A-T-IL AUCUN BRUIT ET VOUS NE CAPTEZ QUE DU SILENCE…
– Oh oui, c’est très calme !
– TRES BIEN ! VOUS POUVEZ ALORS PROFITER UN PEU DE CE CALME REPOSANT AVANT DE TOURNER VOTRE ATTENTION SUR LES SONS ET LES SENSATIONS QUI VIENNENT DE VOTRE CORPS… LES BATTEMENTS DE VOTRE COEUR… LES GARGOUILLIS DE VOTRE VENTRE, VOTRE RESPIRATION… COMME UN ORCHESTRE QUI JOUE LA MUSIQUE REGULIERE DE VOTRE CORPS ET DONT VOUS ETES LE CHEF PLUS OU MOINS DIRECTIF, PLUS OU MOINS SPECTATEUR…
– Bah là je l’entends pas, mon cœur. C’est normal ? D’ailleurs c’est bizarre parce que des fois la nuit je me réveille et ça tape, ça tape !! Je peux plus dormir, et puis… »

C’est galère. Y a une expression qui convient parfaitement au sentiment que ce début de séance m’inspire, à base d’instrument à corde et de liquide corporel, dont la vulgarité m’empêche de la citer ici… mais vous voyez l’idée.

En fait, proposer de l’hypnose à une personne âgée reste possible.

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Comment je ne suis pas devenue Messmer (partie 3) : l’hypnose, ça marche ?

3.« Est-ce que ça marche ? »

Oui et non : oui sur certains trucs, dans certains contextes et avec une majorité de personnes (mais peut-être pas Tatie Danielle) ; peut-être ou non pour le plus gros paquet des problèmes pour lesquels on a essayé, et absolument non si vous pensez que c’est magique, paranormal, supraluminique, et panacéen. Ce mot n’existe pas mais vous m’avez sans doute comprise. Créativité, on a dit.

En fait, ça dépend de ce qu’on entend par « marcher ». Explorons la question selon les différents sens qu’elle peut recouvrir :

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Comment je ne suis pas devenue Messmer (partie 2) : la formation

Jura – Juillet 2021

2. « Comment se former à l’hypnose ? Existe-t-il des prérequis pour se former ? Comment as-tu vécu ta formation ? Comment convaincre un encadrement récalcitrant de nous envoyer en formation ? »

Vous êtes visiblement quelques uns à vouloir acquérir des super pouvoirs. Voici donc quelques informations qui vous permettront peut-être… de ne pas devenir Messmer 😉

Je cite le rapport de 2015 de l’Inserm sur l’évaluation de l’efficacité de la pratique de l’hypnose, disponible sur le net et que vous allez sans doute pas mal retrouver dans mes articles :

« […] la formation en hypnose est hétérogène.

Il existe des formations universitaires : 11 DU [Diplôme Universitaire], 1 DIU [Diplôme Inter Universitaire] et 1 DESU [Diplôme d’Etudes Supérieures Universitaires]

Il existe des formations associatives et des formations privées, de durée variable, réservées pour certaines aux professions médicales et/ou aux professions de santé, et ouvertes pour d’autres à un public plus large. »[10]

Les pages 13 à 16 donnent quelques détails sur l’offre de formation, les considérations éthiques liées à la pratique de l’hypnose thérapeutique et son statut, qui n’ont pas de cadre légal précis en France.

Les formations peuvent être très courtes – 2 à 3 jours, plutôt une initiation à l’hypnose via l’abord de techniques qui facilement et rapidement mises en œuvres, notamment la communication thérapeutique via des éléments d’hypnose conversationnelle – comme longues – sessions réparties sur plusieurs années -. Un « hypnoquelquechose », qu’il s’agisse d’un « hypnothérapeute » (plutôt réservé aux psychothérapeutes par l’hypnose), « hypnopraticien », « hypnologue » (plutôt réservés au professionnels pratiquant l’hypnose médicale : hypnoanalgésie et/ou hypnosédation), ou un professionnel de santé, de l’accompagnement, du coaching ou d’un autre domaine mentionnant et proposant une pratique de l’hypnose peut donc disposer de connaissances très variables. Le terme par lequel il qualifie son activité ne garantit ou ne certifie pas un niveau de compétences ou un usage déontologique.

Je me suis formée aux techniques hypnoanalgésiques chez l’adulte en 7 jours répartis sur 4 mois, via une formation organisée par mon CHU, avec l’Institut Français d’Hypnose. Celui-ci a fait le choix de ne former que des professionnels de santé, qui utiliseront l’hypnose dans le cadre de leur domaine propre. Un diplôme de santé peut donc être un prérequis selon les organismes de formation. Je n’en connais pas d’autre.

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Comment je ne suis pas devenue Messmer : l’hypnose et la psychomotricité en questions (partie 1)

Sieste – 2020

« Hypnose »… voilà un terme à la résonance rarement neutre. À lui seul, il est déjà une suggestion, l’un de ses outils phares. Notre représentation collective du phénomène hypnotique et de son usage expérimental, divertissant ou thérapeutique reste encore aujourd’hui nimbée de son histoire (qui pré-démarre au XVIIIe siècle avec le « magnétisme animal » de Franz-Anton Mesmer)[1], des rémanences des sensationnelles transes des patientes hystériques, pâmées de convulsions sous l’influence de Charcot, et aujourd’hui des spectaculaires performances scéniques de son plus célèbre praticien, Eric Normandin, mieux connu sous le nom de… Messmer. Encore en 2018, plusieurs médias français annonçaient, sans grand égard pour la rigueur nécessaire à la vulgarisation de ce type d’information, une fracassante opération à cœur ouvert sans anesthésie générale réalisée sous hypnose[2]. Fort heureusement, les titres trompeurs et les propos approximatifs ont été rapidement démentis ou nuancés, comme ici par le magazine Sciences et Avenir[3].

La pratique actuelle majoritaire de l’hypnose clinique découle de l’une des principales école, issue des découvertes de Milton Erickson (1901-1980), médecin américain qui réapprit à marcher après une poliomyélite à 17 ans, grâce à une intense auto-rééducation de la proprioception par une attention soutenue portée à ses sensations, et par l’observation de ses sœurs, dont la plus jeune, en plein apprentissage de la marche[4].

Aujourd’hui, qu’est-ce que l’hypnose ? À quoi sert-elle ? Que peut-on en attendre ?

Récemment formée à l’hypnoalanalgésie, je tente une première approche de ce domaine que je n’ai sans doute pas fini d’explorer, à travers quelques ébauches de réponse aux questions que nous nous sommes posés en formation, ou que les patients me posent… ou que vous m’avez suggérées.

De l’hypnose en général à l’hypnose en gériatrie, rééducation et psychomotricité… c’est parti !

1. « Est-ce que vous allez m’endormir ? »

(m’a demandé une dame à qui j’allais proposer une séance d’hypnoanalgésie pour ses douleurs d’arthrose cervicale)

Une fois de temps de temps, je ne suis pas totalement contre l’idée d’assommer un patient pénible à l’aide une méthode pacifique et légale. Mais vu que je n’ai pas le loisir d’aller effeuiller les pâquerettes pendant qu’ils dorment, je les préfère conscients. Et puis l’absence de vigilance et les ronflements sont difficilement compatibles avec le travail pour lequel je propose parfois de l’hypnose. Donc non, je n’endors personne !

Plus sérieusement, bien sûr que si le but de la séance est d’accompagner une anesthésie générale médicamenteuse lors d’une intervention chirurgicale ou de favoriser l’endormissement gêné par de l’anxiété ou de la douleur, on laisse le patient glisser vers le sommeil (voire on le berce, on le borde, on charge le sac de sable sur l’épaule et on lui en saupoudre généreusement sur la figure, métaphoriquement parlant).

Mais dans le cas de chirurgie du cerveau où il est nécessaire de maintenir le patient bien éveillé pour qu’il puisse répondre à des questions (ou s’il existe une contre-indication à l’anesthésie générale) l’hypnose est un outil de choix ! [5]

Revenons sur quelques définitions ennuyeuses mais utiles.

L’état hypnotique, que cherche à induire l’hypnose, est d’après Didier Michaux (docteur en psychologie et hypnothérapeute) « un fonctionnement mental particulier »[6].

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« Triste »

Mardi, j’ai ressorti ce petit jeu de cartes, « Méli Mémo Les Emotions » (Editions Lily Poule) pour communiquer avec un patient en SSR gériatrique post-covid. Il ne parle pas du tout le français hormis quelques formules de politesse. Il comprend quelques mots, se saisit bien des gestes qui renforcent notre discours, peut imiter des mouvements simples en rééducation mais nous ne le comprenons pas et les échanges restent limités.
Et des échanges, on en a bien besoin en ce moment pour comprendre ce qu’il lui arrive.

Après un passage en soins intensifs quelques jours pour bénéficier d’une oxygénothérapie nasale à haut débit non invasive (qui, si je l’ai bien compris, lui a évité une intubation), il nous est adressé pour la suite de ses soins. Monsieur Baiser (parce qu’il nous prend la main et l’embrasse pour nous remercier) est encore très fatigué, a toujours besoin d’un peu d’oxygène et ne récupère pas au niveau moteur alors qu’avant sa covid, il marchait. La médecin me l’a signalé il y a une semaine dans l’idée que l’absence de récupération soit liée à un syndrome de désadaptation psychomotrice, ayant observé une rétropulsion, une grande difficulté à tenir debout et un manque d’investissement en kinésithérapie. Nous savons par son fils qu’il a eu très peur de mourir, ayant vu son entourage très impacté par la covid19. Pour l’heure, Monsieur Baiser est coincé dans son fauteuil et ses jambes oedématiées ne bougent pas comme il le voudrait et comme on le lui demande dans nos examens cliniques et nos séances. Depuis que je le connais, avec une moue terriblement lasse, il me les montre en haussant les sourcils et en tournant ses mains paumes vers le ciel, l’air de dire « je ne sais pas ce qu’elles ont ».

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La Psychomotricité en milieu hostile, 5 ans après

Pérouges, octobre 2020

Il y a quelques mois, je vous confiais ma lassitude de me sentir comme un fantôme dans certains services, dans cet article « Blues de psychomot ». Vous étiez quelques unes et uns à y avoir réagi, partageant ce vécu.

Il y a 5 ans, dans l’article intitulé « La Psychomotricité en milieu hostile », je faisais une description imagée de ce que pouvait être l’intervention en psychomotricité dans ces services hospitaliers où le temps est plus que compté, où il faut parvenir à glisser sa séance et ses transmissions dans le rythme rapide des soins et l’attention des membres de l’équipe médicale et paramédicale souvent occupés à toute autre chose. Je concluais par ces mots :

« Je doute parfois de parvenir à relever ce défi, confrontée à certains échecs selon moi imputables à cette course après le temps et au manque de lien entre l’équipe et moi, plus qu’à mon manque d’expérience. Mais certaines séances prometteuses, certaines évolutions, certains échanges et l’attention et le respect de certains médecins pour mon travail me laissent croire que les psychomotriciens ont leur place et des éléments à apporter dans ces unités. »

Dans ma vie professionnelle, l’intervention du psychomotricien en Unité de Soins de Court Séjour Gériatrique incarnait une sorte de paradigme et d’emblème des questionnements autour des spécificités de notre métier et des tensions qui peuvent exister dans sa définition, du flou nimbant les attentes du système de soin actuel envers lui, la place de ses objets d’intérêt, de son référentiel théorique et de sa technicité rarement transparente et démontrée aux yeux des autres professions de santé.

En 2021, avec plus de recul, dans quel état j’erre ?

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